La flamme et le papillon

Extrait du film « Le livre d’images » de Jean-Luc Godard, présenté à l’ésban en 2019 en partenariat avec Anima (c) Caza Azul – Ecran noir

Séminaire du parcours Écritures expérimentales

Le séminaire La flamme et le papillon, écritures expérimentales s’est créé dans un premier temps dans le désir d’enquêter sur les porosités entre les mots et les images. Nous souhaitions questionner ce qui est propre aux formes sans genre qui surgissent dans les zones de frottement entre l’écriture cinématographique et littéraire. Il s’est ensuite ouvert, via l’écriture – abordée comme un outil d’expérimentation – à une approche résolument transversale (écriture et film, écriture et performance, écriture et image fixe, écriture et danse, écriture et exposition et tout ce que nous ne connaissons pas encore).

Se placer dans la marge

Ainsi, notre interrogation se porte sur les démarches artistiques au croisement du langage verbal, corporel et visuel qui opèrent des déplacements, des permutations, des mouvements de translation entre les médiums. En troublant leur pureté, elles en explorent la plasticité et les potentiels inédits, tout en révélant, par ce même acte, les enjeux qui leur sont spécifiques. Notre recherche part aussi de l’intuition que réfléchir sur des œuvres et des gestes qui transgressent les catégories de genre et les conventions des écritures dominantes est nécessaire à ce que nous « fabriquons » dans une école d’art. Il s’agit donc de nous placer dans la marge. La marge physique du texte, cet espace blanc qui peut potentiellement accueillir tout ce que le texte nous évoque et ce qui le dépasse. La marge des champs disciplinaires (littéraires, filmiques, performatifs) et institutionnels. Là où les langages se bouleversent, s’hybrident, jusqu’à opérer des retournements radicaux.

Nous remarquons que la quête de formes inédites et transgressives,
ne va pas sans un désir de remise en cause de l’ordre, des règles, des protocoles. Elle entraine la prise en charge des marges sociales, politiques et culturelles, d’une pensée du « mineur », et une profonde plasticité, là où tout est en mouvement.

Des expériences de création et de pensée collective

Le séminaire est donc le lieu où nous menons des expériences de création et de pensée collective, en compagnie des œuvres et des questions qu’elles soulèvent, en fréquentant cet espace profondément nécessaire de la marge, de la minorité, à partir duquel repenser le monde aujourd’hui, quand les vieux modèles démontrent à quel point ils sont arrivés à essoufflement.

Et comme le séminaire est le lieu d’invention et d’expérimentation de méthodes, nous nous inspirons de celles qu’ont pensées des pédagogues éclairés comme Fernand Deligny, Paulo Freire, mais aussi Audre Lorde, bell hooks, ou encore Pier Paolo Pasolini, autant de créateur·rice·s lié·e·s par une pratique de l’écriture poétique dont nous saisissons la puissance de renouvellement.

Séminaire coordonné par Annalisa Bertoni et Maïder Fortuné