Jeudi 15 septembre à 18h, présentation des recherches artistiques menées par Camille Castillon et Steve Pettengell dans le cadre de la première édition du programme « Expérimenter la résidence », mené par l’ésban avec Echangeur²².
Les œuvres sont visibles jusqu’au 12 octobre 2022.
Pendant deux temps de résidence et pour 6 semaines au total (au mois de mai pour 2 semaines de recherche et enfin à partir de fin août pour 4 semaines de production), Camille Castillon, diplômée de l’ésban lauréate du programme « Expérimenter la résidence », a été accueillie à la résidence artistique Echangeur(à Saint- Laurent-des-Arbres dans le Gard). Immergée dans un environnement professionnel international, en binôme avec l’artiste Steve Pettengell (néo-zélandais vivant à Londres), Camille Castillon a été accompagnée par l’équipe curatoriale d’E22.
La résidence a offert un cadre permettant de mener des moments de recherche, de rencontres et d’échanges autour de son projet artistique professionnel et de production en partageant avec de nombreux autres résident.e.s comme Julie Fabre, commissaire et critique ou encore de nombreux artistes et autres professionnels du monde de l’art.
La restitution prévue le 15 septembre à l’ésban constitue elle-même un temps d’échange, puisqu’elle se déroulera en présence des 10 commissaires d’exposition brésiliens, coréens et japonais participant au Curator Tour organisé par Echangeur22 et avec qui Camille aura un temps privilégié de vie partagée à la résidence.
INSIDE WALLS OUTSIDE
Sont présentées dans les salles d’exposition de l’ésban / Hôtel Rivet, huit œuvres produites par Camille Castillon et une œuvre unique de Steve Pettengell.
CAMILLE CASTILLON
Impliquée dans des recherches autour de la notion de « culture monde », je me questionne dans mon travail sur le double mouvement de celle-ci : l’hyper circulation d’éléments culturels à l’échelle mondiale d’une part, et de l’autre la résurgence de la revendication d’une identité particulière locale. Qu’est-ce qui autour de moi est presque universellement partagé, et qu’est-ce qui est propre au lieu où je me trouve ? Et finalement, comment ces éléments culturels construisent mon identité ?
Cette série de peintures est un travail que j’entame en mai 2022 à Echangeur²². J’en situe l’amorce deux mois auparavant, aux Pays-Bas…
Surprise et séduite par les étendues sans reliefs et radicalement agencées, rythmées et structurées du paysage hollandais, je prenais des photos sur lesquelles je revenais ensuite dessiner numériquement pour souligner spontanément cette construction sous-jacente et propre au territoire.
Cependant revenue en terres Cévenoles, ayant pris goût aux déplacements et à ces heureux égarements, je me suis retrouvée dans l’incapacité de reproduire le process alors expérimenté : trop de vallons, des routes sinueuses, d’espaces condensés… impossible de synthétiser ce paysage uniquement par un jeu de traits rectilignes.
En résidence à Echangeur²² je découvre Saint-Laurent-des-Arbres. Arrêtée sur un sentier entre une rangée de pins et des vignes, un nouveau protocole s’impose. Il commence inévitablement par une déambulation que je documente par la photographie. De retour à l’atelier le travail s’organise autour d’une restitution de la perception de l’espace par le biais du photomontage. Par la suite, je procède à une synthèse graphique de l’image obtenue en la redessinant numériquement. C’est sur ce travail de retranscription du territoire que la peinture peut alors se réaliser. Je peins spontanément à même le sol, assise sur la toile, immergée dans le paysage.
STEVE PETTENGELL
Pour la deuxième partie de la résidence à Echangeur²², Steve Pettengell avait prévu de produire 8 œuvres grand format issues des recherches effectuées au cours du premier séjour en résidence (Mai 2022).
Malheureusement, dès les premiers instants à E²², une tragique nouvelle est venue remettre en question la suite de sa résidence : son meilleur ami se donnait la mort en Nouvelle-Zélande.
Cet événement personnel traumatisant l’a amené à réévaluer et requestionner ses intentions de travail. Steve s’est alors concentré sur une œuvre unique et solitaire dédiée à son ami – Une méditation sur nos vies domestiques et les traces que nous laissons derrière nous.
L’œuvre prend ici l’aspect et la texture d’un mur extrait de l’espace domestique. Cet artefact intérieur laisse découvrir, comme un témoin subtil, les traces furtives d’une vie menée dissimulée sous des superpositions de débris architecturaux. Véritable archive du temps, chaque strate appliquée par l’artiste révèle une décennie vécue par son ami. Dans ce vide de détritus architecturaux, voyons-nous simplement le papier peint des années 1970, un individu puissant pris au piège dans un royaume étroit ou une représentation graphique abstraite d’une cérémonie Haka issue de la tradition Mãori (Nouvelle-Zélande) en hommage à un être cher disparu ?Une réflexion autour de notre rapport au lieu, à la mémoire et aux apparences (façade) s’appuyant sur l’investigation anthropologique et archéologique. L’œuvre comme excavation dans des vies domestiques quotidiennes, mettant au grand jour les cicatrices sur un paysage mental et physique.
En savoir plus sur le dispositif « Expérimenter la résidence » conçu par l’ésban et Echangeur22 .